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Kids ► Interview de Michael Frei & Mario von Rickenbach

Publié le 20 octobre 2020

Dans le cadre du festival Maintenant, Michael et Mario présentent l’exposition Kids. Le travail du duo suisse nous plonge dans un monde abstrait pour interroger nos trajectoires en société et expérimenter l’intelligence et les dynamiques de groupes.  

Le jeudi 15 octobre, le Grand Cordel MJC invitait la chercheure en psychologie sociale Christelle Maisonneuve pour débattre de ces thématiques. L’occasion pour le festival Maintenant d’interviewer les artistes à propos de leur vision du monde et leur rapport aux nouvelles technologies. 

L’exposition devait se poursuivre jusqu’au 26 novembre. Malheureusement, compte tenu des nouvelles restrictions sanitaires, elle n’est plus accessible au public.

Michael Frei

Cinéaste et artiste suisse dont les films Not About Us et Plug & Play ont reçu de nombreux prix dans le monde entier.

Mario von Rickenbach

Concepteur et développeur de jeux suisse. Ses œuvres primées comprennent les jeux Mirage, Krautscape, Drei et Rakete.

L’interview : 

_ Pouvez-vous vous présenter en quelques mots ? 

Michael : Je suis Michael Frei et certains pensent que je suis un artiste.

Mario : Je suis Mario, développeur de jeux et codeur créatif. 

_ Quel projet présentez-vous au festival Maintenant ? 

Mario : Nous présentons Kids, un projet sur les dynamiques de groupe. C’est à la fois un jeu, un film et une installation interactive. 

_ Quelle histoire souhaitez-vous raconter à travers cette œuvre ? 

Michael : En soi, nous ne souhaitions pas raconter une histoire, l’idée c’était plutôt d’explorer des dynamiques de groupe dans lesquelles tout le monde est égal. 

_ Quelles expériences proposez-vous au public ? 

Michael : Vous pouvez regarder certaines scènes se dérouler d’elles-mêmes ou vous pouvez jouer avec elles. Il existe également des marionnettes de ces personnages. Nous demandons généralement à notre public de s’en saisir, mais puisque maintenant on peut mourir de la propagation de germes : S’il vous plaît, ne le faites pas. Lavez-vous les mains.

Mario : Dans Kids, vous interagissez avec des groupes et des foules. Vous leur faites faire des choses et pas d’autres. À la fin, vous n’avez pas le choix.

_  Il y a-t-il eu un “déclic”, un tournant ou un événement qui a influencé votre parcours d’artistes ?

Michael : Oui, je suis tombé sur la tête à plusieurs reprises. 

_ Quels sont les artistes ou les personnes qui vous inspirent ?

Michael : J’admire tous ceux qui essaient de faire quelque chose de significatif pour eux-mêmes. Surtout si leurs actions ont aussi un sens pour les autres.

Mario : Je suis inspiré par les gens qui explorent de nouveaux territoires et qui sont capables de présenter leurs découvertes de manière accessible.

_ Le contexte actuel de crises sociales et environnementales a conduit la 20ème édition du festival Maintenant à s’interroger sur l’état du monde, et à considérer la position de la création artistique et des cultures numériques par rapport aux défis de notre temps.
_ L’œuvre Kids se rattache-t-elle en substance à ces problématiques ? Si oui, pourquoi ?
_ Quel est votre rapport à la crise environnementale ? La création artistique peut-elle œuvrer en faveur de la prise de conscience de l’urgence climatique ?

Michael : Non, notre travail ne s’attaque pas directement à l’actualité. Je ne pense pas que les arts puissent résoudre une crise actuelle. Mais si j’étais optimiste, j’espérerais que les arts puissent aiguiser notre regard sur ce qui est important.

Mario : Kids a été conçu pour fonctionner selon les règles d’un monde abstrait. Certaines personnes y ont trouvé des interprétations aventureuses. Je ne serais pas surpris si quelqu’un voyait un lien avec des événements récents. 

_ En quoi la crise sanitaire actuelle modifie-t-elle votre vision du monde et du secteur artistique ?

Michael : Mon monde n’a pas beaucoup changé. Je suis heureux que nous ayons compris l’importance de l’internet au quotidien. Mais en même temps je m’inquiète de la manière dont la diffusion de fake news déclenche le pire chez tant de gens.

Mario : Cette crise amplifie des tendances qui existaient déjà auparavant, elle met à nu des problèmes qui duraient depuis longtemps. Cela affecte beaucoup de choses dans notre vie, mais spécifiquement dans le secteur de la culture, mais je vois plus d’opportunités que de problèmes. 

_ Quels sont pour vous les enjeux de l’art et de la création aujourd’hui ? L’artiste a-t-il un rôle politique ?

Michael : Tout réclame l’attention. Il est difficile de se sortir de ces conneries. J’aimerais qu’il y ait plus d’espaces numériques conservés qui ne soient pas motivés par le profit et qui deviennent pertinents. Et j’espère qu’il y en aura.

Mario : En raison de la rapidité des développements dans le domaine de l’art numérique, il n’y a pas beaucoup de temps pour vraiment réfléchir à ce que l’on fait. Beaucoup de projets en souffrent, surtout quand on travaille avec les nouvelles technologies et souvent, les technologies les plus récentes ne sont pas les plus intéressantes pour créer du contenu.

_ Partant du postulat que la technologie n’est pas « neutre », quelle est votre posture face à l’ambivalence du numérique ?

Michael : Tant que j’utilise la technologie comme un outil et que ce n’est pas l’inverse, nous sommes en bons termes. J’espère simplement qu’il n’y aura pas de transition progressive entre les deux et si ça arrive que je le remarquerai avant qu’il ne soit trop tard.

Mario : Beaucoup de technologies différentes ont transformé notre monde, il est impossible de faire une déclaration sur la technologie numérique en général. De nombreuses technologies numériques ont rendu ma vie et mon travail beaucoup plus faciles (ou même possibles), je ne voudrais donc pas vivre sans elles. Mais il y a toujours la question de savoir ce qu’il faut abandonner pour y parvenir. L’un des principaux problèmes que je vois est la prise de possession de la technologie par les grandes entreprises.

_ Quels sont pour vous les horizons possibles ? (avez-vous plutôt une approche utopique, dystopique ou atopique de la technologie)

Michael : Ça a l’air effrayant et excitant à la fois. 

Mario : Nous verrons bien. 

 

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